Le Mirage 2000 est un avion de chasse conçu par la société française Dassault Aviation à la fin des années 1970. Bien que la formule à aile delta fasse penser au Mirage III des années 1960 et que le Mirage 2000 soit de taille comparable, il s'agit en fait d'un avion entièrement nouveau, avec une surface alaire plus importante, naturellement instable pour améliorer sa manœuvrabilité et équipé de commandes de vol électriques. Mis en service en 1984, le Mirage 2000 est principalement utilisé par l'Armée de l'Air française qui en a reçu 315 exemplaires, tandis que 286 autres ont été exportés vers huit pays différents.
Conception
En , l'Armée de l'Air française lance le programme Avion de combat futur (ACF) pour lequel elle demande un avion biréacteur doté de Snecma M53 et avec une aile fixe, destiné à des missions de supériorité aérienne. Tout en préparant une réponse à cet appel d'offres, le constructeur Dassault Aviation lance dès l'année suivante, sur fonds privés, l'étude d'un avion mono réacteur à aile delta baptisé "Delta 2000". Le , le programme ACF est arrêté, pour des questions de coûts, et le gouvernement décide d'adopter à la place le projet du Delta 2000.
Quatre prototypes d'un avion de chasse monoplace (Mirage 2000C) sont commandés officiellement en 1976. Ils doivent être propulsés par un réacteur M53-2 de 7,5 t de poussée, en attendant le M53-5 plus puissant (poussée de 9 t) destiné aux avions de série. Le premier prototype fait son vol inaugural le . Le premier avion de série s'envole à son tour le , équipé du réacteur M53-5, et les livraisons à l'Armée de l'Air française commencent l'année suivante. Le , jour du cinquantième anniversaire de la création de l’Armée de l’Air, la 2e escadre de chasse, stationnée à Dijon, fut la première escadre à recevoir le Mirage 2000. Les 37 premiers avions de série sont livrés avec un radar RDM (Radar Doppler Multifonction), car la mise au point du radar RDI (Radar Doppler à Impulsions) s'avère difficile. Il faudra finalement attendre 1987 pour que soient livrés les premiers exemplaires enfin équipés du radar RDI, et qui reçoivent également un réacteur M53-P2 encore plus puissant (9 700 kgp).
L'appareil hérite des souris mobiles, déjà présentes sur le Mirage III. Elles permettent de modifier le profil des entrées d'air du réacteur.
Le prototype de la version biplace d'entraînement (Mirage 2000B), entièrement financé par des fonds propres de Dassault Aviation, fait son premier vol le . Dès 1979, l'Armée de l'Air française avait commandé une version biplace destinée à l'assaut nucléaire, et capable pour cela d'emporter le missile ASMP-A alors en développement. Désignée Mirage 2000N, elle dispose d'une structure renforcée pour voler à basse altitude et grande vitesse, ainsi que d'un système de navigation et d'attaque basé sur le radar Antilope V, doté d'un mode suivi de terrain qui permet la détection du terrain dans le plan vertical à 12 km et le vol en mode automatique ou manuel à 200 pieds (60 m) d'altitude et 600 nœuds (1 110 km/h). Les canons ont été supprimés, et les souris sont désormais fixes, limitant la vitesse à Mach 1,5. Le siège arrière est occupé par un Navigateur Officier Systèmes d'Armes (NOSA).
Le premier prototype du 2000N fait son vol inaugural le et la version est mise en service en 1988. Les 31 premiers exemplaires ne peuvent emporter que le missile ASMP, mais les avions suivants (standard 2000N-K2) sont capables de missions conventionnelles, avec un large éventail de bombes classiques, guidées par laser, anti-pistes, ou bien de missiles anti-radars, anti-navires, etc.
L'expérience opérationnelle fait apparaître le besoin d'une plus grande capacité en carburant et d'une plus grande capacité en mode air-air. À la suite d'un nouvel appel d'offres de la DGA, 37 Mirage 2000C sont transformés en Mirage 2000-5. Cette nouvelle version intègre de nouvelles technologies et des fonctionnalités souvent dérivées de celles du Rafale, principalement le radar RDY multifonction capable de détecter 24 cibles simultanément et de suivre 8 cibles dont 4 en mode prioritaire, avec une capacité de détection en mode air-air portée à 130 km contre 120 km pour le RDI (110 km pour le RDM), l'ajout de quatre points d'emport MICA qui permettent de tirer jusqu'à six missiles en mode "tire et oublie", sans avoir recours à la liaison de données. Le Mirage 2000-5 est optimisé pour les opérations d'interception à haute altitude et à des vitesses supersoniques (Mach 2,2 à 15 000 m), avec son moteur Snecma M53-P2, sa masse maximum au décollage est portée de 16,5 à 17,5 t. Le Mirage 2000-5 possède un système interne et intégré de contre-mesures électroniques, comprenant un détecteur de menaces avec des lance-leurres électromagnétiques ou infrarouges.
Cette rénovation a aussi permis de récupérer les 37 radars RDI remplacés par le RDY et de remettre à niveau les 37 Mirage 2000C qui avaient été livrés avec le radar RDM.
Deux versions légèrement différentes, appelées Mirage 2000-5 Mk.2 et Mirage 2000-9 et dotées de capacités multi rôle (possibilité de configuration mixte air-air/air-surface), ont été dérivées du Mirage 2000-5 et commandées par la Grèce et les Émirats-arabes-unis (EAU) respectivement.
La production de Mirage 2000 a été arrêtée en 2007 : 7 prototypes, 4 appareils de présérie et 601 de série — soit 612 machines au total — sont sortis des usines Dassault Aviation.
Les derniers ont été livrés à la Grèce le .
Versions
À l'origine développé pour être un avion d'interception et de supériorité aérienne, le Mirage 2000 a été ensuite commercialisé en différentes versions :
Mirage 2000B
Version biplace d'entraînement. Appareils stationnés sur la Base Aérienne 133 Nancy-Ochey depuis la fin octobre 2022 (précédemment sur BA 115 Orange-Caritat. Sept RDI S5 en service au au sein de l'EC 2/3 Champagne (SPA75 Charognard) :
Mirage 2000C
Version monoplace utilisée pour la défense aérienne et entrée en service en juillet 1984 à l'Escadron de Chasse 1/2 Cigognes de la Base Aérienne 102 Dijon-Longvic. Appareils RDI S5 en service depuis 2016, pouvant embarquer quatre bombes. Ils étaient stationnés sur la Base Aérienne 115 Orange-Caritat et retirés récemment du service le 23 juin 2022 :
Mirage 2000-5
Version monoplace d'abord uniquement destinée à l'exportation, l'Armée de l'Air prend ensuite la décision de porter un certain nombre de ses Mirage 2000C à la norme 2000-5.
Il dispose d'une avionique profondément rénovée, avec notamment un radar RDY (Radar Doppler Y), d'un viseur tête haute Thomson-CSF VEH-320, de commandes Hotas (hands on throttle and stick "mains sur manette et manche") et de contre-mesures intégrées ICMS Mk.II. Les Super 530D sont remplacés par 4 MICA EM (missile d'interception et de combat aérien), plus petits et plus modernes, adaptés à l'utilisation en défense aérienne.
Mirage 2000-9
Version totalement polyvalente avec radar RDY-2 (15 % de portée supplémentaire comparé au RDY), EMTI (Ensemble Modulaire de Traitement de l'Information), pod de désignation laser, vendue aux Émirats-arabes-unis (EAU) et à la Grèce. Cette version est capable de missions air-air avec des capacités proches des 2000-5, air-sol avec des missiles Black Shaheen (version du SCALP-EG spécifique aux EAU) et air-surface avec missiles Exocet, le tout avec ravitaillement en vol. L’avion est aussi doté du mode de visualisation des cibles mobiles pour le suivi de véhicules au sol, et un mode air/mer.
La France livre aux EAU, soixante-deux Mirage 2000-9 entre 1998 et 2009. Un projet de modernisation des appareils, par Dassault Aviation et Thales, est annoncé en 2017 par les EAU et le contrat de modernisation est finalement signé en .
Des Mirage 2000-9 sont utilisés par les EAU pendant la guerre du Yémen.
Mirage 2000N (pour Nucléaire)
Version biplace spécialisée dans la frappe nucléaire en service de 1988 à 2018, emportant le missile Air-sol moyenne portée amélioré (ASMPA), désormais remplacé par le Rafale dans ce rôle.
Mirage 2000D (pour Dissuasion)
Version biplace air-sol d'assaut conventionnel tout temps spécifique à la France.
Dimensions
Envergure : 9,13 m
Longueur : 14,60 m ; 14,65 m (2000-5) ; 14,85 m (2000B) ; 14,94 (2000N) ; 14,55 m (2000D)
Hauteur : 5,20 m ; 5,30 m (2000D)
Surface alaire : 41 m2
Masses
Masse à vide : 7800 kg
Masse avec armement : 13800 kg
Masse maximale : 16500 kg ; 17500 kg (2000-5)
Carburant interne : 3200 kg
Carburant externe : 6200 kg
Performances
Vitesse maximale : 2300 km/h (Mach 2.2 à 15000 m / Mach Mach 1.2/1.4 à basse altitude)
1000 km/h/Mach 1.4 (2000D)
Vitesse ascensionnelle : 18000 m/min
Plafond : 18000 m ; 15000 m (2000D)
Rayon d'action : 1600 km (avec réservoirs externes)
Facteur de charge : +9/-3.2 G
Motorisation
1 turboréacteur avec postcombustion Snecma M53-P2 de 65 kN (98 kN avec postcombustion) de 9,7 tonnes de poussée
Équipage
1 ou 2 en tandem, 1 pilote + 1 navigateur officier système d'armes (B/N/D)
Armement
Interne : 2 canons DEFA 554 de 30 mm (sauf versions N, D et B) - 125 coups par arme.
Externe : 6 300 kg de charges (7 000 kg pour le 2000-9), incluant des missiles air-air R550 Magic II (toutes versions), Super 530D (2000 C), MICA (IR ou EM) (2000-5F) ; des bombes freinées ou guidées par laser et des missiles air-sol Apache ou de croisière SCALP-EG (2000 D) et le missile nucléaire ASMPA (2000 N).
Autres caractéristiques